Des chantiers digitaux prometteurs pour les sociétés de gestion
Article publié sur Revue-banque.fr
- juin 7, 2021
- Envoyé par : IZNES
- Catégories: Asset Management, Innovation
L’industrie de la gestion d’actifs est en train d’effectuer sa transformation digitale. Si elle a quelques années de retard sur d’autres secteurs du monde financier, elle accélère désormais le mouvement et multiplie les initiatives. Tous les métiers sont concernés, de la gestion à la distribution.
Près d’une décennie après les banques de détail ou les acteurs des paiements, les sociétés de gestion ont commencé à engager une transformation digitale en profondeur ces dernières années. Ainsi, les nouvelles technologies permettant de collecter des quantités massives de données en temps réel (Big Data), de les stocker et les partager (cloud, data lake, blockchain), de les analyser et les interpréter (intelligence artificielle, machine et deep learning, natural language processing), ou d’automatiser les processus (robotic process automation), sont de plus en plus exploitées. Elles révolutionnent progressivement l’industrie de la gestion d’actifs, de la distribution à la production. À l’instar d’Arkéa IS, les principaux acteurs de la place se sont emparés du sujet et communiquent activement sur leur mutation. La transformation digitale est déployée au sein de chaque maillon de la chaîne de valeur – distribution (commercial et marketing), gestion et investissement, opérations – pour répondre à différents objectifs : améliorer l’expérience client, se différencier, accroître les performances et les marges, réduire les risques, ou encore gagner en efficacité et en productivité.
Un atout pour la distribution, de la connaissance clients au reporting
Si l’on se penche sur la distribution, la gestion d’actifs a longtemps souffert d’une connaissance déficiente de l’identité des investisseurs finaux, du fait d’intermédiaires. Or, l’utilisation des nouvelles technologies permet aux forces commerciales et marketing de se réapproprier la connaissance client et d’analyser le comportement des investisseurs (pourquoi tel investisseur a souscrit à un fonds ou brutalement racheté ses parts ? quel est son profil type ?), et donc de renforcer l’efficacité commerciale. Parmi les initiatives de place, soulignons le succès d’IZNES, une plateforme de souscriptions/rachats de parts d’OPC lancée en 2018 par un consortium de sociétés de gestion dont fait partie Arkéa IS. IZNES assure la réception/transmission des ordres des investisseurs, ainsi que la centralisation et la tenue de registre pour les gérants d’actifs. Elle repose sur la blockchain, une technologie de stockage numérique et de transmission d’informations, transparente, décentralisée et sécurisée. Cette plateforme automatisée interopérable permet de s’affranchir d’intermédiaires, et donc de réduire les délais et les coûts, mais aussi de fournir en temps réel aux sociétés de gestion, transparence et traçabilité sur les porteurs de parts.Par ailleurs, l’exploitation des outils CRM peut être repensée avec l’intelligence artificielle pour collecter et analyser finement les données et les comportements (analyse comportementale pour fidéliser les investisseurs existants, ou prédictive pour en séduire de nouveaux) et initier des recommandations de produits adaptées et personnalisées. Les équipes commerciales disposeront alors de davantage de temps face aux clients et prospects pour construire une proposition d’investissement de valeur.En partenariat avec les RegTechs, la digitalisation peut également fournir aux sociétés de gestion une aide précieuse pour remplir les exigences réglementaires chronophages sur la connaissance client (procédures KYC, exigences MIFID). L’idée est d’aller plus loin qu’une simple collecte de données automatisée, en exploitant commercialement les informations obtenues pour mieux connaître les investisseurs, identifier les produits adaptés à leur profil et mieux répondre à leurs attentes. Il s’agit également de simplifier et réduire les échanges d’information grâce à des plateformes électroniques de marché, permettant par exemple à un client institutionnel de saisir une seule fois son dossier KYC puis de désigner les acteurs avec lesquels il souhaite le partager.
Enfin, les nouvelles technologies permettent de révolutionner l’expérience client, notamment le reporting client : les fund factsheets mensuelles statiques vont être progressivement remplacées par un reporting à la demande en temps réel, accessible via un portail web interactif. Une telle solution permet à chaque investisseur de générer à tout moment un reporting personnalisé, lui permettant d’afficher des performances calculées à partir de la date à laquelle il a souscrit au fonds, ou de zoomer sur une exposition géographique ou sectorielle donnée par exemple. En outre, l’IA permet de traduire ce reporting de gestion automatiquement en plusieurs langues et même de générer automatiquement des commentaires de gestion.
Gestion & investissement : vers un « gérant augmenté »
Les équipes de gestion et de construction de portefeuilles peuvent aussi tirer parti des nouvelles technologies pour affiner et diversifier les stratégies d’investissement, se différencier et gagner en performance. Ainsi, en complément de l’approche traditionnelle qui repose sur l’analyse de données micro- et macroéconomiques, de très nombreuses sources d’informations extra-financières alternatives peuvent désormais être exploitées en temps réel grâce au big data, à l’intelligence artificielle et à de nombreux algorithmes pour obtenir une analyse prédictive, optimiser l’allocation d’actifs, améliorer le stock picking, ou encore mieux anticiper les risques. Il peut s’agir de données numériques, textuelles, d’images (par exemple des images satellites du taux d’occupation de parking de centres commerciaux donnant une estimation « temps réel » d’indicateurs de consommation), d’échanges sur les réseaux sociaux à travers le monde… Ces signaux faibles et analyses de sentiment offrent notamment la possibilité d’identifier en amont les tendances en matière de consommation ou les avis sur un produit, éléments qui impacteront in fine les résultats d’une entreprise. Le machine learning et le natural language processing permettent en outre d’évaluer certains changements de tonalité ou de détecter des failles dans la communication d’un émetteur aux investisseurs par exemple, et donc de renforcer la recherche ESG en termes de gouvernance. Chez Arkéa IS par exemple, nous travaillons depuis ses débuts avec la FinTech SFJ Technologies qui combine l’analyse financière, l’expertise comptable et le Big Data afin de détecter en amont des « signaux » pouvant faire penser à une fraude, une manipulation financière ou à une faillite, potentiellement générateurs de pertes importantes sur les titres en portefeuille. Ces technologies avancées permettent également de corriger et éliminer les biais cognitifs humains – par exemple, le biais de confirmation qui peut inciter un gérant à ne considérer que les informations qui confirment ce qu’il pense et à minimiser les informations contraires – dans les décisions d’investissement ou de désinvestissement. La science des données et son immense potentiel permettent ainsi d’accroître considérablement les capacités d’analyse et la performance des équipes de gestion. On parle dès lors d’un « gérant augmenté ».
Par François Deltour, Directeur Général de Arkéa Investment Services
Des processus automatisés pour les fonctions opérationnelles
Enfin, la digitalisation, accompagnée de la dématérialisation, transforme en profondeur les fonctions Middle- et Back-Office grâce à une automatisation accrue des processus (Robotic process automation et machine learning) comme des tâches de rapprochement avec les données des dépositaires. La suppression des tâches manuelles et du papier, particulièrement présents dans l’univers du non-côté (immobilier, private equity) sera l’un des prochains challenges. Cela se traduira par des gains en productivité et en qualité considérables, ainsi que des coûts et des risques opérationnels réduits. Les équipes pourront alors se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. De plus, le zéro papier s’inscrit dans une logique de développement durable, en cohérence avec les politiques ESG qui tiennent une part de plus en plus importante au sein de la gestion d’actifs, et tout particulièrement chez Arkéa IS.
En conclusion, la maîtrise et le déploiement des nouvelles technologies représentent plus que jamais un enjeu stratégique pour les gérants d’actifs, leur permettant de transformer leurs modèles de distribution, de production et de coûts pour gagner en efficacité ainsi qu’en performance et se différencier. La donnée, au cœur de ce modèle, joue un rôle clé. Elle doit être de qualité, disponible et sécurisée. Si l’investissement financier peut paraître lourd au départ, les bénéfices sont considérables. La transformation digitale ne doit pas être perçue comme une menace, mais au contraire comme une opportunité ; si les nouvelles technologies constituent un levier significatif pour augmenter les capacités et la performance du gérant, du commercial ou du middle-officer, jamais elles ne les remplaceront. L’humain restera sans aucun doute au centre des processus mais un humain avec des compétences différentes de celles d’aujourd’hui. Au-delà des sujets purement technologiques, le grand défi est là : le recrutement et la rétention des talents nécessaires pour ces nouveaux métiers.