L’innovation se heurte à l’héritage technologique des gestionnaires d’actifs

Article extrait de l’AGEFI Quotidien du 09 octobre 2019 par Franck Joselin

Les gérants sont obligés d’innover s’ils veulent survivre mais il leur faut du temps pour intégrer certains changements.

Pour les gérants d’actifs, l’innovation «est une question de vie ou de mort». Pascale Auclair, secrétaire générale de La Française, n’a pas mâché ses mots lors de la table ronde de l’AM Tech Day organisé par L’Agefi dans le cadre de l’Invest Week Paris, et consacrée à l’innovation chez les gestionnaires d’actifs. Cependant, alors que l’industrie a assisté, pendant des années, à une course à la technologie, chaque gérant se démenant pour être le premier à adopter, voire développer, de nouveaux systèmes, les gestionnaires sont aujourd’hui plus mesurés sur leur calendrier. «Gérer des systèmes technologiques ne fait clairement pas partie de notre métier, concède Jean-Pierre Grimaud, directeur général d’Ofi Asset Management. Mais il est difficile de tout changer de A à Z. Nous avons, par exemple, décidé de faire migrer nos données sur le cloud, mais c’est un projet sur cinq ans».

Comme les banques en leur temps, les gestionnaires d’actifs peuvent parfois apparaître bloqués par leur héritage technologique car, comme le souligne Patricia Fouqueray, directrice chez BlakRock Solutions, «il ne s’agit pas, pour les sociétés, de mettre en place une seule technologie, mais il faut adopter tout un écosystème d’applications». Mais tout n’est pas à jeter dans les technologies déjà en place. «Les infrastructures existantes, pour peu qu’elles soient compatibles avec la gestion des données, peuvent se révéler efficaces», déclare Arnaud Claudon, responsable de la ligne de métier asset managers chez BNP Paribas Securities Services. D’autant que si beaucoup de technologies font parler d’elles, peu sont exploitables à grande échelle. Des travaux restent à accomplir, aussi bien sur le plan des infrastructures que sur le plan de la sécurité.

Dans l’attente de la blockchain

Il est cependant des domaines où la technologie se révèle indispensable. Dans la distribution des fonds d’abord, très fragmentée en Europe. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles beaucoup de gestionnaires d’actifs européens n’arrivent pas à croître. Les processus de commercialisation sont différents selon les pays et selon les produits.

 

«L’adoption d’une technologie blockchain, nous permettra de rendre la distribution beaucoup plus efficiente dans le monde», explique Jean-Pierre Grimaud.

 

Le projet Iznes, la plate-forme paneuropéenne d’investissement et de tenue de registre en blockchain mise en place par de grands acteurs de la Place, est une illustration des besoins de l’industrie sur ce point. Une augmentation de capital est d’ailleurs prévue sur Iznes à la fin du mois. Seul problème, si la blockchain devrait permettre de gérer les registres de produits, «il n’existe pas encore de solution pertinente permettant l’échange de cash, constate Jean-Pierre Grimaud. Il n’y a pas de raison que la technologie blockchain ne fonctionne pas, mais on ne sait pas combien de temps cela prendra». Toujours dans la distribution, les outils permettant d’utiliser au mieux les données peuvent aussi se révéler très utiles. «L’exploitation des datas pour aider les équipes marketing à mieux vendre les produits est une des principales demandes de nos clients», confirme Doug Winter, directeur général et co-fondateur de Seismic.

Enfin, l’autre domaine dans lequel la technologie reste indispensable est celui de la gestion elle- même. Que ce soit pour des solutions de gestion d’actifs ou de gestion du risque, les gestionnaires d’actifs sont aujourd’hui obligés de passer par des outils dont ils ne disposaient pas il y a encore une dizaine d’année.

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